La Fin d'une Epoque #1
Cette série de posts est celle d'un parcours intellectuel. Un parcours de trois décennies d'observations et de réflexions. L'aveu d'une désillusion ?
Au moment où nous avons très prochainement célébrer les trente ans de la chute du mur de Berlin, sans doute est-il temps de revenir en arrière: 1989-2019, que nous est-il arrivé ? Alors que la chute du mur, et la victoire consécutive du libéralisme, annonçaient outre la fin de la guerre froide, l’avènement de la démocratie pour tous, trente ans plus tard force est de constater le recul de ces belles idées.
Ces cinq dernières années, j'ai publié un grand nombre de chroniques sur l'actualité: le Brexit, l'élection de Trump, l'arrivée au pouvoir de Macron... Comment en sommes nous arrivés là ? Et où allons nous ? Car j'ai le pressentiment que la démocratie telle que nous l'avons connu depuis l'après guerre vit ses dernières heures.
En trois décennies nous avons connu: la disparition du bloc de l'Est, l'apparente fin de la guerre froide, l'émergence de la Chine, le déclin relatif des Etats-Unis, ou en tout cas la résurgence d'un monde multipolaire, les soubresauts de la construction européenne, et bien sûr la gigantesque transformation induite par les nouvelles technologies de l'information et de la communication qui n'en finissent pas de transformer notre rapport au réel.
Si on prend le temps de s'y arrêter, ces changements, dont la liste n'est pas exhaustive, sont colossaux ! Et pour les citoyens européens, ils se sont opérés sans guerre, sans violence extrême. Jusqu'ici. Mais ils ont profondément changé le visage de nos démocraties.
Jeune étudiant en économie à la fin du siècle dernier, les espoirs étaient nombreux d’un monde meilleur ; les espoirs que soulevaient le chute du mur de Berlin, les conférences pour le multipartisme en Afrique, la fin du régime de l'Apartheid en Afrique du Sud, la construction européenne, ou la chute de l’URSS… Autant de signes de la marche en avant vers un monde meilleur.
Ces espoirs se sont fracassés sur le mur de la réalité. Le libéralisme triomphant (une victoire en trompe-œil), l’Afrique toujours en proie à ses démons, et l’Europe qui a montré ses limites ont fini de me ramener à la réalité. Des espoirs partis en fumée dès le 11 septembre 2001.
Et puis, au milieu de la dernière décennie du siècle dernier parut ce livre “La fin de l’histoire”, de Francis Fukuyama. Passionné à l'époque de philosophie politique, j’y trouvais une lecture enthousiasmante des évènements qui se déroulaient sous mes yeux. Et convaincu que les idées mènent le monde, j’y voyais là la clé qui ouvrirait bientôt les portes d'un monde meilleur. Mais je savais aussi, au fond de moi, que ces idées devaient être mises en rapport avec la réalité du monde. Et cette réalité au cours des décennies suivantes a fini par démentir ces espoirs du triomphe de la démocratie libérale comme horizon ultime.
C'est donc le livre d'un parcours intellectuel, celui d'un jeune homme de vingt ans qui a cru en "la mondialisation heureuse" et que les réalités d'un monde ont transformées.
Le monde est ce qu'il est, alors pourquoi parler de fin de la démocratie ? Depuis le Brexit en juin 2016, l'élection de Trump la même année, on peut considérer que nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Peut-être que les germes de ce Nouveau Monde étaient présents depuis fort longtemps. Ces événements et d'autres ont servi de révélateur tout comme trente-cinq ans plus tôt les élections de Thatcher et Reagan annonçaient le grand retour du libéralisme. Il m'a donc semblé opportun au regard de mon évolution intellectuel de confronter les deux. Revenir en arrière sur mon parcours intellectuel, et comprendre comment j'ai vécu ces événements ?
L'idée qui préside ce petit livre est donc simple: la démocratie telle que nous l'avons connu en Europe depuis la fin de la seconde guerre mondiale, système certes imparfait mais "le meilleur parmi tous les autres" pour reprendre l'expression prêtée à Winston Churchill, est en train de vivre ses derniers jours. Mon intuition, menée par ma réflexion sur l'actualité des trois dernières décennies et mon parcours intellectuel, m'obligent à admettre que nous allons vivre dans les prochaines années dans un système politique fort différent. Lequel ? Je tenterai humblement d'en dessiner quelques contours tout au long de ces quelques posts.

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