Long time, No see | 2020




C'est un exercice particulier que de tirer les leçons d'une année si particulière. Essayons. 2020 ? Une année qui pourrait se résumer en un seul mot : coronavirus, décliné à toutes les variantes ou variants, coro, covid-19, crise...

Une année surtout, et c’est ce qui m’affecte le plus en traçant les dernières lignes de ces trois cent soixante cinq jours, une année où l’Europe s’est suicidée, pour la troisième fois en un peu plus d’un siècle, entraînant avec elle le reste du monde.

Suicide ? Bien entendu nous n’allons pas tous mourir, loin de là, et contrairement à la peur ambiante.

Mais nous continuons le chemin dans ce long et sombre tunnel ouvert par le 11 septembre 2001, le tunnel de la peur et des régimes d'exception où la liberté au lieu d'être là règle devient, eh bien, l'exception. Ce qui faisait à mes yeux la valeur de cette Europe, c’est la liberté. Elle a trahi en 2020, une fois de plus, ce qui en faisait le cœur battant, en cédant au régime de la peur. Avec pour conséquence un art de vivre mutilé, car ce qui vient ressemble si peu à ce qui a précédé. Et cela, elle l’a fait toute seule. Suicide ou si on est plus clément, une balle dans le pied. Pensant faire le bien, l’Europe s’est muée en bête.

Nous ne sommes plus seulement dans une crise sanitaire mais bien évidemment économique, et surtout politique, car ce qui est désormais en jeu, c’est la manière même dont nous comptons vivre ces prochaines années.

On nous a répété, on nous répète que la vie n’a pas de prix, “Quoi qu’il en coûte !”, pour reprendre les mots du président Macron. Avec pour conséquence le renoncement à nos libertés fondamentales, ce qui semble être la voie empruntée : inscription dans la loi de mesures censées être temporaire, passeport sanitaire, conditionnalité de l’accès à certains lieux si on est vacciné... Et, pour pimenter le tout l’inénarrable OMS nous annonce qu'il faut s'attendre à d'autres pandémies dans un futur proche bien pires que celle que nous vivons ! 

Mais pourquoi s'offusquer pour si peu ? “Vous avez bien été vacciné petit !”, me dit-on ? Et, pour se rendre dans certains pays, certains vaccins, comme celui de la fièvre jaune, sont bien obligatoires, non ? Alors ? La différence ? Autrefois, il s’agissait d'inscrire sur un bout de papier un ou des vaccins qui avaient été éprouvés ; aujourd’hui on va créer des registres, des bases de données numériques où des informations hautement personnelles y seront consignées. N’est-ce pas déjà le cas avec Google ? Sans doute, mais Google n’est pas encore un Etat, pas encore… Et, ses visées ne sont que marketing, pour le moment.

Ce que nous sommes en train de mettre en place, c’est rendre les armes à des régimes autoritaires qui frappent aux portes un peu partout. Demain, ils auront à disposition tous les instruments légaux de contrôle offert sur un plateau par des démocraties à bout de souffle, tout comme la IIIème République moribonde se saborda en offrant les plein-pouvoirs à un Maréchal.

Chienne d’année ! Où il convient de distinguer deux moments. Le premier, jusqu’à la fin février, où avec une légèreté coupable, un manque de préparation, la juste mesure de la nature de l’épisode épidémique n’a pas été prise en compte par les principaux gouvernements. Et puis, il y a eu cette vague qui a submergé nos systèmes de soin. Dès lors, on a basculé dans l'obscurité, pour ne plus en revenir.

Et, par une sorte d’effet d'hystérésis, selon lequel par exemple lorsqu’on déforme un ressort une fois le tension disparue, s’il ne revient pas à son état initial alors que la cause l’ayant déformé s’estompe, il y a hystérèse, nous ne sommes plus jamais sortis de cet état de panique généralisé. Ce qui pouvait s’entendre, se comprendre au printemps avec le premier confinement, la situation était inédite, devient inquiétant dans la persistance des réponses apportées. Au dernier jour de l’année, on en est à parler de troisième confinement, pourquoi pas quatre, cinq ! Ah, non le vaccin nous sauvera, tout comme la ligne Maginot était censée protéger de l’ennemi.

A vrai dire, ce dont nous avons souffert, je l’ai dit à de nombreuses reprises, c’est d’une épidémie informationnelle. L’ennemi cela n’est plus le virus mais les grands médias, non pas tant leurs journalistes en tant que tels ainsi que leurs affidés (médecins, experts, commentateurs…) mais cette masse d'informations répétées en boucle, tel un tsunami balayant tout le reste, et rendant impossible toute perception juste de la réalité. 2020, l’année où nous sommes devenus fous ! Déconnectés du réel. Pour entrer dans une sorte de bourse de la peur où les indices, la mortalité, le nombre de cas…, sont égrenés tels des mantras. Sans oublier les réseaux sociaux dont on ne sait s’ils sont une bénédiction ou une malédiction.

Le piège chinois s’est donc refermé sur l’Occident et le monde. La Chine, non pas tant pour avoir été à la base de l'ingénierie du virus (personne pour le moment n’est capable de répondre sur son origine exacte, ce qui pose problème tout de même), mais pour avoir su diffuser la peur, et exploiter cette trouille incommensurable de la mort des vieilles démocraties. Les images de janvier présentant à Wuhan une situation apparemment incontrôlable, images reprises en boucle par les chaînes d’information continue ont fait le travail avec la puissance des réseaux modernes. La peur était installée. 

Par la suite, il n’a plus été question que d’éviter la blessure narcissique d’images de services de réanimation incapables de traiter des patients arrivant en masse et qu’on n’aurait pu soigner. Faire le tri entre ceux qui "devaient" vivre et les autres ? Impossible pour l'Europe ; en Afrique certes mais pas sur le vieux continent ! 

La vie continuera, comment pourrait-il en être autrement ? Mais il ne peut pas avoir de vie digne de ce nom dans cette forme de servitude larvée dans laquelle on nous condamne à vivre.

A de nombreuses reprises au cours de cette même année, comme ici aujourd’hui, j’ai fait le parallèle avec la deuxième guerre mondiale, le deuxième suicide de l’Europe, et notamment avec l’esprit de mai 1940, la bataille de la France, la débâcle... Tout s’est effondré en quelques semaines, et plus rien n’a plus jamais été comme avant.

J’ai eu le sentiment, à mesure que l’on avançait dans l’année, que cet esprit de défaite, avec son syndrome de la ligne Maginot (elle nous protégera comme l’avancée de l’ennemi vaille que vaille, comme le vaccin nous protégera en toute circonstance) avait saisi l’ensemble de l’Europe voire même du monde. J’eu aimé du moins espéré qu’à cet esprit de mai 40 succède celui de la bataille d’Angleterre où seuls, les britanniques, ont su être le dernier rempart. Boris Johnson qui se rêvait en Churchill a fini en Daladier, après avoir fanfaronné il a lui-même été rattrapé par le virus, pour suivre la masse des dirigeants terrifiés par la pandémie.

Ce qui est dramatique, c’est que ce soit les plus fous, les moins empathiques, Trump, Bolsonaro and co, qui aient un moment tenu les paroles les plus censées : vivre avec le virus.

Une année qui aura consacré le basculement du monde à l'Est, notamment en Asie, avec la Chine en pointe. Avec un bémol, la victoire aussi des GAFA, ces grands groupes du numérique encore pour un long moment dominés par la puissance américaine. Mais les chinois, encore eux, arrivent à grand pas. Qu’ils emportent, c’est loin d’être le cas, la bataille du soft-power ou culturelle, et nous aurons alors définitivement basculé d’un monde l’autre.

Voilà plus d’un an que je n’ai pas remis les pieds en Europe, “long time, no see”. Par choix, je suis resté ici au Maroc, dont je parlerai plus longuement plus tard. Cela a été difficile d’être loin des siens, si longtemps. Mais cela, je l’ai dit, l'a été de mon plein gré. Inutile de battre sa coulpe.

J'ai évoqué les semaines précédentes Stefan Zweig et son très beau et désespéré “Le monde d’hier”. J’en ai ni le talent, ni le sens du désespoir même si le monde que j’ai connu est en train de s’effacer pas à pas. Mais je garde l’espoir chevillé au corps, car je sais que quelque part, il demeure une lueur d'espoir pour se ressaisir. Que cette flamme de la liberté, même si elle vacille, ne s’éteindra jamais. Quelqu’un, quelques-uns, aujourd’hui, demain sauront reprendre le flambeau.

Ma première chronique de l’année, on pourra la retrouver, je la finissais ainsi : “N’attends rien, tout peut arriver.”. Je ne pensais évidemment pas à ce qui allait suivre, c’était à titre personnel. D’ailleurs, qui pouvait prévoir ce que nous allions vivre ! Qui s’y risquerait pour la suite ! Si bien que je terminerai simplement ainsi aujourd’hui, en laissant le soin au lecteur de tirer ses propres conclusions : le meilleur pour l’année qui commence.

Très bon réveillon.





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