Chute de Bachar Al-Assad - Comprendre la Situation en Syrie
Dimanche 08 décembre 2024 marque un jour historique pour la Syrie: le régime de Bachar al-Assad est tombé, et le dictateur a fui son pays. Tout comprendre à la situation en six points:
1. La chute du régime, la fuite de Bachar El-Assad
Dans la nuit du 07 au 08 dimanche le président syrien Bachar Al-Assad a quitté Damas, avec des membres de sa famille, pour la Russie. Ce départ précipité a confirmé la chute du régime, et l'entrée des rebelles dans la capitale après leur avancée rapide depuis le nord ouest du pays.
Avec le départ de El-Assad, c'est la fin d'une dynastie qui a régné pendant plus de cinquante au pouvoir.
2. Qui sont les rebelles arrivés au pouvoir ?
C'est le groupe rebelle HTS pour Hayat Tahir el-Sham (Organisation de libération du Levant). C'est un rassemblement de plusieurs groupes militaires et anciennement considérés comme terroristes qui ont combattu durant la guerre civile de la décennie (2011-2020). Il est constitué principalement de l'ancien Front Al Nosra. En 2017, il comptait environ 30 000 hommes, selon le think tank The Washington Institute.
Son chef est Abou Mohammed El-Joulani agé de 40 ans, qui devient de fait le nouvel homme fort du pays.
3. Pourquoi le régime est tombé si rapidement ?
Pour quelles raisons, le régime syrien qui résisté à plus dix de guerre civile sanglante s'est effondré comme un château de cartes ? L'offensive rebelle a commencé le 27 novembre dernier. Avec une carte ce sera plus simple à comprendre.
Le HTS avait ses forces concentrées dans le nord ouest du pays, dans les région de Idlib et Alep. Cette dernière est tombée la semaine dernière. Ils se sont ensuite dirigés vers Homs qui leur a ouvert les portes de Damas.
Pour comprendre leur progression, il faut remonter près de 15 ans en arrière, avec le début de la guerre civile, et prendre en compte les différents acteurs présents sur la scène syrienne.
4. Une guerre civile sanglante
En 2011, débute le mouvement des Printemps arabes, d'abord en Tunisie puis en Egypte, en Lybie et en Syrie. Dans les trois premiers pays, le ras-le-bol des populations entraîne la chute des régimes: Ben Ali, Moubarak puis Kadhafi avec l'appui très intéressé des occidentaux. .La Syrie vacille, mais le pouvoir de Bachar el Assad, au prix d'une guerre civile qui a fait éclater le pays en plusieurs factions.
C'est dans ce contexte qu'il faut analyser la situation aujourd'hui en cette fin 2024.
Surtout cette guerre civile aura fait au moins 500 00 morts, près de 6 millions de réfugiés (en Turquie, Liban, Jordanie, et Europe surtout en Allemagne). Et les conséquences économiques pour la Syrie auront été importantes: des sanctions de la communauté internationale, une économie exsangue avec des coupures d'électricité, des pénuries d'eau ou d'essence... Le niveau de vie des syriens a considérablement baissé, et la pauvreté augmentée.
5. Les acteurs en présence
La guerre civile syrienne a entraîné l'entrée de nombreux acteurs dans le conflit. Il y a les différents groupes rebelles, militaires et terroristes locaux, et venus d'Irak. Mais aussi des puissances étrangères qui ont pris part au conflit, chacune avec son agenda: la Turquie, l'Iran, la Russie, les Etats-Unis et les européens, Israël...
La Turquie, au nord, et au niveau de sa frontière cherche à contenir les velléités d'indépendance des kurdes. L'Iran quant à elle voyait dans la Syrie un allié de circonstance lui permettant d'agir sur le Hezbollah libanais. La Russie est intervenue en 2015 en soutien à Bachar El-Assad, pour asseoir sa surface diplomatique, se constituer comme un acteur régional, ce qui lui a permis d'ouvrir deux bases dans le pays, lui ouvrant un accès à la Méditerranée.
Quant aux occidentaux, emmenés par les Etats-Unis avec ses partenaires, sous mandat de l'ONU, ont déployé une coalition internationale ayant pour mission de lutter contre feu l'Etat islamique (ISIS ou EI).
Enfin, Israël qui partage une frontière avec la Syrie a le pays sous surveillance, en opérant régulièrement des attaques ciblées contre cette allié de son plus grand ennemi, l'Iran (on pense notamment à l'attaque en juillet 2024 contre le consulat iranien à Damas).
6. Le 07 octobre et ses conséquences
Les attentats et massacres du Hamas le 07 octobre 2023 en Israël, et ses suites: la répression et destruction de Gaza, la guerre au Liban, les attaques et assassinats contre des dignitaires iraniens... ont rebattu les cartes dans la région.
C'est donc toute la région qui se trouve en voie de recomposition. Et on peut donc s'interroger sur les stratégies de chacun des acteurs mentionnés, et leur rôle dans cette brusque accélération de l'histoire.
Il est clair que la Russie se voit affaibli avec la chute de El-Assad qu'elle a cessé ou s'est montré incapable de soutenir. Pareil pour l'Iran dont l'affaiblissement se poursuit depuis les nombreuses attaques d'Israël depuis quelques mois (assassinats de dignitaires du régime, guerre contre le Hezbollah).
Il faudra donc être attentif dans les prochaines semaines, le prochains mois sur l'évolution de la situation en Syrie, et du nouveau pouvoir qui s'installe.



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