Livre - La Fin de la Démocrate - Post #1

Post #1 – Pourquoi écrire ce livre ?

Il fut un temps où je croyais à l’inéluctable marche du progrès.

Né au cœur du dernier quart du XXe siècle, étudiant en économie à la fin des années 1990, j’ai grandi avec l’idée que l’Histoire avançait dans le bon sens.

Je me souviens encore de ce soir du 9 novembre 1989, devant la télévision, à regarder les Allemands de l'Est franchir le mur de Berlin. Ce qui semblait infranchissable quelques semaines plus tôt s'effondrait sous mes yeux. À l’époque, sans en saisir pleinement la portée, j’ai compris qu’un monde s’ouvrait : celui de la démocratie, de la paix, d’une prospérité à portée de main. Celui d’un avenir enfin réconcilié avec ses promesses.

Dans les années 1990, cette idée s’est installée. L’Union européenne s’élargissait, Internet naissait, les marchés s’ouvraient. Le monde semblait aller mieux, et plus vite. Comme beaucoup, j’ai vu dans les thèses de Francis Fukuyama une confirmation rassurante : la démocratie libérale allait triompher. Nous vivions, pensions-nous, une fin de l’Histoire heureuse.

J’avais des réserves, bien sûr. Sur le capitalisme triomphant, sur la globalisation effrénée. Mais ce qui m’enthousiasmait profondément, c’était l’idée que les peuples, enfin, pourraient choisir leur destin. La démocratie, à mes yeux, incarnait cette promesse-là. Comme au temps du printemps des peuples, des luttes de décolonisation, ou plus tard, des Printemps arabes.

J’aurais dû me souvenir que ces élans, aussi puissants soient-ils, peuvent se briser.

Et ils se sont brisés.

Pas d’un coup. Pas dans un fracas. Mais par petites secousses, insidieuses d’abord : le 11 septembre 2001, la montée du sécuritaire, le référendum de 2005 en France, l’écart croissant entre le peuple et ses élites. Puis avec plus de brutalité : le Brexit, Trump, la montée des régimes illibéraux en Europe.

Peu à peu, j’ai compris que ce que je croyais acquis — la démocratie — ne l’était pas. Qu’un ordre vacillait. Et qu’un désenchantement profond gagnait les sociétés, partout.

C’est ce basculement que je veux raconter.

Ce projet prend la forme d’un double récit : le récit de trois décennies de bouleversements politiques, et celui d’un cheminement personnel. Une traversée, depuis l’optimisme de l’étudiant que j’étais jusqu’à la lucidité inquiète d’aujourd’hui.

Ce que je propose ici, ce n’est pas une vérité. C’est une tentative de compréhension.

👉 Comment en est-on arrivés là ?
👉 Qu’avons-nous refusé de voir ?
👉 Et surtout : que signifie être démocrate aujourd’hui, à une époque où la démocratie elle-même semble remise en question ?

J’écris ces lignes avec en tête les voix de Marc Bloch (L’Étrange Défaite) et de Stefan Zweig (Le Monde d’hier). Deux hommes qui ont vu le monde qu’ils aimaient s’effondrer sous leurs yeux — et qui ont eu le courage d’en chercher les raisons.

Je ne me compare pas à eux. Mais je tente, à mon niveau, de comprendre. D’interroger. D’alerter, peut-être.

Ce post est le premier d’une série. Une série qui, je l’espère, formera un livre. Vous pouvez la lire au fil des publications ou la retrouver bientôt sous forme d’un site dédié.

Bienvenue dans ce voyage à travers notre temps.
Un regard subjectif, enraciné dans l’histoire récente. Où se mêlent espoirs, désillusions, et interrogations sur ce que nous voulons, ensemble, devenir.

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