À l'eau ! Semaine du 11-17 juin
Lundi 11 :
La pluie, la nature se sont rappelées à notre bon souvenir en cette fin de semaine. Tellement qu'un RER se couche sur le côté de la voie, très tôt le matin à Gif. Heureusement à l'heure où peu de personnes sont à l'intérieur. Quelques blessés, sans gravité. Belle pagaille en perspective, dans les prochains jours, conjuguée à ces grèves qui n'en finissent pas, et qui ne servent plus à rien d'ailleurs. Qui peut leur dire aux grévistes ? "Passez à autre chose ou à un autre mode d'actions !". Mais passons...Mardi 12 :
Concours de “Qui a la plus grosse ?” à Singapour avec deux personnages qui, s’ils n’existaient pas, eh bien faudrait tout simplement les inventer ! Heureusement qu'ils sont là ! Imaginez la politique faite de May, Macron ou Merckel (même si j'aime bien Angela) ? Dans un monde de dirigeants sans saveur, Trump et Kim, c’est une touche d'humour sans pareil, et surtout un superbe "Je t’aime, moi non plus…" . Ils ont commencé en se traitant de petit gros, de raclures, et autres noms d’oiseaux, allant même jusqu'à la menace de se faire exploser. Mais c'était avant.Et puis les voilà, à présent tout sourire, signant un accord de quatre pages nous promettant la paix éternelle à coups de démonstrations d'amitié ! C'est Emmanuel qui doit être jaloux !
Sur le fond, on peut très certainement y voir la très discrète, mais non moins efficace, main de la Chine qui a ramené Kim à la raison. Preuve aussi, comme le faisait remarquer fort opportunément, un journaliste : "Quand on a la bombe, on n'a pas la guerre ! On vous laisse tranquille. Cela vous évite un destin à la Sadam, Khadafi ou Gbagbo !"
Les italiens sont remontés contre les français, et à raison. Mass mon ami italien de Barcelone m’envoie un message me signifiant, pour plaisanter, que "nous ne pouvons plus être amis !" Marre des Français et de leur arrogance ! Notre président en première ligne se permet de faire la morale à toute une nation, traitant son gouvernement de cynique et d’irresponsable. Qu’avons nous, nous Français, fait pour les migrants ? Combien ont été accueillis sur la promesse de 30 000 ? Un peu plus, un peu moins d’un millier. L’Italie qui a connu ces dernières années un afflux de plus 700 000 migrants, n'en peut plus. Elle ne peut traiter le problème seule, ce qui n'empêche pas ses partenaires européens de l'abandonner à son propre sort.
Mercredi 13 :
“Un pognon de dingue” voilà la déclaration savamment orchestrée, et mise en ligne par les services comm' de notre inénarrable président lors d’une réunion de travail visant à cadrer sa nouvelle politique sociale. Un pognon de dingue dans les aides sociales sans en avoir pour notre argent. En gros à ces feignasses de pauvres on leur file du pognon, et ils sont incapables de sortir par eux-mêmes de la pauvreté ! À quoi bon les aider alors ? Coupons ces aides et responsabilisons-les ! Poussons les à monter leur start-up, et tout ira au mieux dans le meilleur des mondes !
Ce qu’oublie notre savant président, c’est que si un nombre de plus en plus important d'individus tombent dans la pauvreté, cela est dû en partie à des salaires trop faibles, à un usage abusif du temps partiel qui augmente la précarité, et des loyers trop élevés. Pour faire simple, on ne vit plus de son salaire, on survit. Qui ira lui dire ?
Et, au passage qu'est devenu ce pognon de dingue déversé aux entreprises à travers le CIE, grandes entreprises qui avaient promis en retour d'embaucher ?
Dans l'après-midi, je passe dire bonjour à mes neveux, et je leur apporte le goûter : chouquettes au chocolat et quelques Muffins. Mes petits-neveux, je les adore, et je suis toujours content de les voir. Pour le peu de temps qu'on va partager ensemble, on éteint les tablettes et les écrans. On se met tous les quatre autour de la table. David, sept ans, me demande de comparer leurs dessins avec celui de son frère, le plus petit, Nathan, cinq ans. Je lui réponds, de manière très convenue je le concède, qu'ils sont très bien tous les deux, juste différents :
“— Il faut qu’il y ait un gagnant ! Alors ? insiste-t-il
— Pourquoi un gagnant, nécessairement ? j'ajoute.
— Parce que c’est comme ça dans la vie, il doit y avoir un gagnant. Il n'en démord pas."
Je n'insiste pas mais Nathan vient à ma rescousse :
"— Mais on peut toujours progresser !”. Pas mal pour cinq ans !
Tout se passe très ben jusqu'au moment où une histoire de gribouillage sur le dessin de l’autre embrase le séjour. Je tente de calmer le jeu, il me faut partir. Décidément l’enfance reste pour moi una terra incognita : les pleurs, les cris, les colères soudaines… Pourtant je suis passé par là. Oui j'ai été comme eux.
Jeudi 14 :
Début du mondial en Russie. Le pays organisateur explose l'Arabie Saoudite au match d'ouverture. Patience, les grands matchs arrivent : Portugal, Espagne, et la France bien entendu... Puis le Brésil et l'Allemagne.La coupe du monde, et son déferlement de nationalisme, bon teint le plus souvent quand il n'est pas assombri par quelques supporters déchainés. Le mondial, ce moment où certains se rappellent qu'ils sont aussi portugais, marocains, sénégalais... Alors pour qui vibrer ? Avec toutes ces identités plurielles !
Nos identités, je suis convaincu que ce sera, c’est déjà le cas d'une certaine mesure, le sujet majeur des décennies à venir. En tant qu’économiste, je devrais défendre la thèse marxiste à laquelle tant de gens autour de moi croient encore : ce sont les conditions économiques qui priment et définissent le reste des rapports sociaux. Je suis plus nuancé et plus proche de Tocqueville : les moeurs, l'esprit du temps comme principe d'analyse.
J'ai la conviction que nos identités ont été tant bousculées que nous allons devoir à un moment ou un autre panser les plaies de l'histoire et nous reconstruire. Et que surtout les politiques ne s'en mêlent pas, en nous parlant d’identité nationale ou autre, que "la France reste la France", ou autre ineptie de ce genre. Partout où ils y ont mis leur nez, en ex-Yougoslavie, au Rwanda, cela a fini en guerre civile. C’est à nous, société civile, si nous voulons éviter les pires scénarios de faire le boulot.
Construire, reconstruire ce que nous sommes, sans faire table rase du passé. Ce passé, il est là, et fait parti de nous. Mais à partir de ces morceaux épars, bâtir une vision commune, dont pour le moment, il faut le reconnaître, personne ou peu n’est capable de définir les contours. L’idéal européen en a pris un certain coup, le vivre ensemble aussi. Alors, que reste-t-il ? Il faut penser.
Vendredi 15 :
Le bateau France prend l'eau, et coule. Tout doucement mais surement. Et pour filer la métaphore : nous sommes à bord du Titanic. Au sens propre comme au figuré. Ce que me rappelle ce matin, dans ce RER qui n'a toujours pas retrouvé son rythme de croisière, une dame qui travaille comme technicienne de labo à l'hôpital Cochin. Elle me raconte ces infiltrations d'eau, ces faux plafonds qui s'effondrent, dans des bâtiments qui ont six ans d'âge tout au plus. Sans parler des conditions de travail à l'hôpital où la souffrance est quotidienne pour les personnels. Cette dame continue à soixante car ce qui l'attend comme retraite est misérable. Elle fait partie de ces petites classes moyennes à la dérive...Plus je discute au gré de mes rencontres, plus se confirme ce sentiment, d'un bateau qui prend l'eau. Un colonel me confiait au mois d'avril dernier que le nouveau ministère de la Défense à Balard prend l'eau de partout.
Un architecte croisé ce mois-ci et qui bosse sur ces partenariats publics-privés, où l'Etat paie un loyer pour devenir propriétaire d'un bâtiment qui ne vaudra plus rien au bout de quelques décennies me le confirmait aussi. Au passage, les Vinci, Eiffage, Bouygues, maîtres d'oeuvre de ces ouvrages se goinfrent sur l'argent public. Le nôtre !
Le match du jour : Portugal - Espagne. Impressionnant les Ibères ( 3 -3) ! Trois buts de Ronaldo. Un match rythmé et au suspens jusqu'au bout. Superbe match ! Et qui a tout pour vous réconcilier avec le ballon rond. Demain place à l'équipe de France...
Samedi 16 :
Une équipe de France quelque peu décevante fait son entrée dans la compétition, mais elle fait le job, et s'impose 2-1 face à l’Australie. L’essentiel est là, trois points d'engrangés. Mais pour la suite ? Alors chacun y va de son analyse : la faiblesse de notre milieu de terrain, les attaquants, Mbappé, Griezmann aux premiers chefs qui n'ont pas montré grand chose . Les journalistes sportifs sont incroyables : il passent leur temps à taper sur les joueurs tout en faisant leur gras dessus. Je comprends pourquoi ces derniers n'ont que mépris pour les premiers.98, vingt ans cette année, chacun pour diverses raisons, ou pas d'ailleurs, attend une sorte de réédition. Mais l’histoire ne se répète jamais. Même si la France venait à gagner ce mondial, la France 2018 n'est plus celle de 98. Tant de choses se sont passés, tant de fractures ouvertes... Juste pour mémoire : souvenons-nous que la compétition avait commencé dans une certaine indifférence, et surtout une grande méfiance pour les bleus.
Dimanche 17 :
L'Aquarius arrive à Valence (Espagne, bien entendu). Les habitants de cette ville ont manifesté, pour certains, leur plaisir d'accueillir ces 600 migrants. On dira : "c'est généreux, plein de bons sentiments. Mais après ? Cela va en appeler de nouveaux !". Oui d'autres viendront, qu'on le veuille ou non. Et notamment ceux qui seront poussés à partir pour des raisons climatiques. Temps que l'on ne règlera pas les problèmes à la source...
Le plus ironique, c'est que l'Aquarius en Espagne, est une boisson rafraichissante fort prisée.
Le plus ironique, c'est que l'Aquarius en Espagne, est une boisson rafraichissante fort prisée.
De quoi être fier de l'Espagne aussi : en l'espace de deux semaines : elle limoge cette belle ordure de Rajoy, fait une belle démonstration de solidarité, et un très beau match au mondial. Tout cela n'est pas lié, évidemment, mais j'avais envie de l'écrire.
Que se passe-t-il en ce début de mondial justement ? l'Allemagne stoppée dès son entrée par le Mexique, l'Argentine par l'Islande, et le Brésil qui cale face à la mécanique Suisse... On va de surprises en surprises. Jusqu'au finish ? Où est-ce juste les premiers matchs, ensuite les grosses machines sauront être au rendez-vous ?
Il ne reste plus, pour chacun qu'à se jeter à l'eau...
Très bonne semaine,
Melvin
#DJAL
Du Jour Au Lendemain.
Il ne reste plus, pour chacun qu'à se jeter à l'eau...
Très bonne semaine,
Melvin
#DJAL
Du Jour Au Lendemain.







Commentaires
Enregistrer un commentaire