Un matin de mai
Du Jour Au Lendemain - jeudi 17 mai
06h00 du mat, j’ai des frissons; il caille sur ce quai de banlieue par ce matin de mai de ce faux printemps qui tarde. Deux dames, un peu cabossées, allant au boulot discutent. L’une d’elle, la fleur sur la casquette, évoquant les grèves : « Je ne vais pas leur taper dessus à ceux de la SNCF, car après eux, ils vont s’en prendre à nous ! ». Pam !
Elles montent, et en retrouvent une troisième, énorme et en béquille, et qui n’arrête pas de rire doucement.
On est un peu chez Bourdin en direct Live… On y retrouve, ces foutus impôts, l’escroc Macron, le mariage royal dont on nous bassine, et la dame à la fleur de s'écrier : « Pendant ce temps là des gens crèvent de faim ! »… Pim ! Bien dit ! Et aussi la peine de mort, le petit Gregory… La France qui se lève tôt ! j’en fais curieusement partie ce matin, cette France bigarrée, très colorée, ronchonne aussi parfois, mais qui encore endolorie dans son sommeil sait éviter les frictions… Dans quelques heures viendront les bobos, les sachants, les étudiants, et les importants. La bagarre de la ville commencera. Pour moment on reste bon enfant…
Je continue à vélo, et ça glisse et caille boulevard des Port-Royal, St-Marcel, puis sur les quais... Et me voilà au niveau de la Gare de Lyon en peu de temps. La ville m’appartient à cette heure !
Je donne mon premier cours particulier. Et, vers neuf heures, je passe à l’école pour contrôler le bon déroulement d’une épreuve. heureusement, quelques problèmes techniques surviennent. On trouve vite la solution.
J’y retrouve mes premières années. C’est la dernière fois de l’année que je les vois. À la fin de l’épreuve, on discute de manière informelle. On a bien travaillé ensemble je crois, au cours du semestre, et dans une bonne ambiance. Ce ne sont pas des amis, bien entendu, on ne l’ai jamais avec ses élèves, sauf par la suite éventuellement, longtemps après. Tout consiste à trouver la bonne distance. On est un peu, le temps que ça dure, père-fouettard, grand-frère; et ils deviennent presque vos « enfants ». Mais avec toujours ce mystère, ce qui demeure l’essentiel en fait : que leur ai-je transmis ? Epais mystère qui d’expérience restera entier. Ce que l’on transmet, c’est un don. Et ce que l’on donne…
L’éducation, même quand on est dans le privé, conserve le privilège de l’humain. Et, il m’est rassurant de savoir que jamais une machine, bien qu’utile à d’autres égards, ne remplacera ces 80kg, ou moins, de chair et de sang !
En fin de matinée, au retour vers ma banlieue profonde, avant de descendre, une dame me demande intriguée, voyant ma grosse machine, dans le wagon : « C’est un vélo ou une moto ? » Lol ! « Un vélo et électrique…». « Ah ! C’est bien… », me dit-elle avec bienveillance. Et nous discutons un peu…
Pendant le trajet, ne sachant que faire de mes mains, ayant oublié le portable en partant aux aurores ce matin, je griffonne quelques notes sur un cahier. Un « Si j’étais » sous forme de questionnaire, avant de somnoler.
Si j’étais une équipe de foot ? : le Barça. Étant nul sur le terrain comme derrière l’écran, je joue la convention.
Si j’étais un écrivain ? : moi-même ! Ne jouons pas l’immodestie
Si j’étais un fruit ? : une poire. Et une bonne !
Si j’étais un défaut ? : le mensonge, sans hésiter !
Si j’étais une qualité ? : j’hésite mais aller ! L’ambiguïté, oui voilà une belle qualité….
Voilà qui dessine, pêle-mêle, un étrange portrait de moi-même ! Mais bon… Et vous ?
Très bonne soirée, et à demain
Melvin
#DJAL
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